STAGES LITTERAIRES |
Organisateur : |
Institut Robert Hooke de Culture Scientifique de l'Université de Nice-Sophia-Antipolis, |
Coordinateurs : |
Ugo Bellagamba et Eric Picholle |
Dates : |
21 au 24 mai 2009 |
Participants : |
Universitaires : Ugo Bellagamba, MCF Nice, Histoire du droit; Roger Bozzetto, Prof. Aix-Marseille, Littérature; Jean-Luc Gautero, MCF Nice, Philosophie ; Eric Picholle, CNRS, Nice, Physique (LPMC); Marc Ortolani, Prof. Nice, Histoire du droit; Jean-Jacques Régnier, Aix, Ingénieur de Recherche, MSH.; Yannick Rumpala, MCF Nice, Science Politique; Jean-Louis Trudel, Docteur en Histoire des Techniques |
Le samedi 23 mai, au matin, sont examinées tout d'abord “les racines collectives du langage”, sous la modération de Daniel Tron (angliciste), puis, dans une session thématique que l'on retrouve chaque année à Peyresq depuis les premières Journées de 2007, est abordée la question-clef du “désir de science chez les jeunes”. Jean-Louis Trudel (Histoire des Techniques) la modère, et présente un rapport de l'O.C.D.E (2006) qui montre que les chiffres trahissent une désaffection pour les études scientifiques dans les pays européens, avec une baisse marquée des formations les plus spécialisées et les plus longues. Il utilise, en contrepoint, l'exemple du Québec. Dans les années soixante-dix, les études de sciences appliquées (informatique, génie civil et génie mécanique) étaient encore en progression tandis que celles de physique fondamentale baissaient de près de 10%. Parallèlement, le nombre de femmes poursuivant des études scientifiques allait croissant dans les “sciences de la vie” (biologie), en particulier.
La perspective de départs à la retraite massifs, en Europe, au Canada, ou aux États-Unis, fait craindre aux politiques un non-renouvellement des cerveaux et un manque crucial d'ingénieurs, par rapport aux pays en pleine croissance économique, notamment l'Asie. En France, enfin, de nombreux rapports insistent sur la désaffection marquée pour les études dites “scientifiques”. Toutefois, les chiffres ne sont pas si inquiétants : la baisse du nombre de doctorants, d'effectifs, ne correspond pas nécessairement à un besoin, et rend moins problématique la baisse programmée du nombre d'enseignants, du fait des départs en retraite. Il apparaît aussi que la démocratisation des études scientifiques a des effets paradoxaux : les formations courtes, tournées vers les sciences appliquées, sont plus nombreuses et se féminisent ; la pré-orientation au lycée, en filière “physique-chimie”, favorise l'accès aux études universitaires; seule la filière “mathématiques”, toujours très masculine, semble mener à des études longues (doctorat).
D'où la problématique transversale qui fait écho à celle du rapport Porchet de 2002 : 63% des étudiants en section scientifique sont confiants en leur réussite et leur avenir professionnel, et affirment avoir choisi cette filière par goût (ou par désir) ; mais de plus en plus des lycéens ne se sentent pas capables de suivre des études scientifiques alors même qu'ils en ont le désir. Pour s'attaquer à cette “crise des vocations” qui affecte les études scientifiques, des programmes fondés sur la pratique des sciences sont à l'œuvre, en Europe et en France (ex : “Hands on !”).
La dernière session, présentée par Eric Picholle, le samedi 24 mai, au matin, est consacrée à un choc des notions: “subjectivités collectives vs paradigmes scientifiques”. La possibilité de partage d'une expérience est l'un des fondements des subjectivités collectives, qui suppose une communication entre les individus. Or, cela a un poids tout particulier en sciences et l'exemple de la communication entre deux physiciens, évoquée dans “Trames et Moirés” le rappelle : “lorsque deux physiciens s'efforcent de communiquer à propos d'une expérience ou encore de vérifier l'identité de deux expériences, ils essaient dans un domaine volontairement très limité, de faire tendre des mots et des symboles à devenir des codes”. Mais l'épistémologie ne se résume pas à une méthode de communication. La science doit aussi en passer par la méthode de recherche, individuelle mais partagée.
Du point de vue des subjectivités collectives, dans le cas d'une expérience vraiment nouvelle, qui n'aurait fait l'objet d'aucune communication, comment la partager? Dans le raisonnement de Gérard Klein, “percevoir” cette nouveauté et abandonner une subjectivité collective passée, revient à former une nouvelle subjectivité collective, un nouveau groupe social. C'est ce que font les physiciens : ils communiquent une observation, permettent à leurs collègues de la vérifier, de la reproduire, de les rejoindre dans une communauté qui la partage. Ainsi, la révolution qui, de Copernic à Kepler, amène la victoire de l'héliocentrisme, ou les révolutions de la relativité, galiléenne comme einsteinienne, pourraient être le signe de puissantes subjectivités collectives à l'œuvre.
Il faut les confronter à la définition du “paradigme scientifique”, tel que l'a posé Thomas Samuel Khun et qui fait l'objet, aujourd'hui, d'un très large consensus, en intégrant non seulement la communication scientifique, mais aussi la méthode et les objectifs de la recherche, qu'ils soient proches ou éloignés, et la validation des résultats obtenus. Du point de vue des subjectivités collectives, une “révolution scientifique” se traduit par l'abandon de plusieurs d'entre elles, au profit de nouvelles.
Pour une synthèse détaillée des Troisièmes Journées Interdisciplinaires de Peyresq, et l'ensemble des articles complétant les débats, ainsi qu'une nouvelle édition de “Trames et moirés” de Gérard Klein, consulter Subjectivités Collectives. Actes des Journées Interdisciplinaires de Peyresq, 21 24 mai 2009, éditions du Somnium, à paraître (mai 2010).
Pour tout renseignement complémentaire sur les journées “Sciences & Fictions” 2010, qui se concentreront sur la “Hard-Science-Fiction”, contacter Eric Picholle : eric.picholle@unice.fr
Ugo Bellagamba
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Compte rendu : La Conscience malheureuse et L’Exode La Conscience malheureuse Lecture de texte par Dominique Guedj Geneviève Piron : Fondane lecteur de Chestov Till R. Kuhnle : L'insoutenable fardeau de l'être Alice Gonzi : Fondane et Nietzsche Margaret Teboul : Nietzsche et les philosophies de l'existence Maria Villela-Petit : Au nom du singulier : le défi de Fondane à Husserl Saskia Wiedener : Fondane et Baruzi Eric de Lussy : Réception de la Conscience malheureuse L'Exode. Super flumina Babylonis Monique Jutrin : Les phases d'une gestation Claire Gruson : Lecture des strophes alphabétiques Evelyne Namenwirth : La voix, le chant et le souffle dans L'Exode Aspects de l’œuvre roumaine Mircea Martin : Dédicace et préface de Priveli?ti Carmen Oszi : Collaboration à la presse juive roumaine Hélène Lenz : Fondane critique de Gide Speranza Milancovic : La poétique de B. Fundoianu Etude Margaret Teboul : Fondane lecteur de Buber |
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La Conscience malheureuse Nous avons poursuivi l'étude de ce texte philosophique en nous focalisant sur l'influence de Nietzsche sur la pensée de Fondane. Nous avons pu constater que cet impact fut bien plus profond et plus durable qu'on ne le soupçonnait. D'autre part, Geneviève Piron, qui a lu des textes inédits en russe, a examiné dans une perspective nouvelle la relation entre Fondane et Chestov. Quant à Maria Villela, elle a examiné à travers des écrits posthumes de Husserl le dialogue “manqué” entre les deux philosophes. L’Exode Ce long poème, auquel Fondane travailla de longues années et ne put achever, a été l'objet de lectures nouvelles : lecture génétique de Monique Jutrin, analyse des strophes alphabétiques par Claire Gruson, étude thématique par Evelyne Namenwirth. Certains aspects de l'œuvre roumaine ont été éclairés par Carmen Oszi et par Mircea Martin. Les exposés seront publiés dans le Cahier Benjamin Fondane, n° 13, 2010. |
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