STAGES LITTERAIRES
Quatrièmes Journées Interdisciplinaires “Sciences & Fictions”
Maria Borrély : Une institutrice, engagée, résistante, romancière - 1890-1963
Dixièmes Rencontres à Peyresq de la Société d'études Benjamin Fondane

Quatrièmes Journées Interdisciplinaires “Sciences & Fictions”

Organisateurs :

Ugo Bellagamba, MCF Nice, Histoire du droit
Eric Picholle, CNRS, Nice, Physique (LPMC)
Daniel Tron, ATER Angers, Cinéma SF

Coordinateur :

Ugo Bellagamba

Dates :

13 au 16 mai 2010

Participants :

Lettres :
Roger Bozzetto (littérature, Un. Aix-Marseille II)
Eglantine Colon (littérature, Duke University, USA)
Irène Langlet (littérature, Un. Limoges)
Gilles Ménégaldo (anglais, Un. Poitiers)
Samuel Minne (enseignant, Dijon)
Maede Moghaddam (littérature, doctorante, Tehéran)
Marie-Luce Rauzy (Revel, Nice)
Timothée Rey (enseignant, Nice)
Daniel Tron (angliciste, Un. Angers)
Sciences humaines:
Ugo Bellagamba (histoire du droit, Un. Nice-SA)
Simon Bréan (littérature, doctorant, Un. Paris IV)
Bernard Convert (sociologue, CNRS, Lille)
Jean-Luc Gautero (épistémologue, Un. Nice-SA)
Jean-Jacques Régnier (MSH, Aix-en-Pce)
Anthony Vallat (philosophie, Genève)
Sciences “exactes”:
Anouk Arnal (ingénieur agronome, Agence Paysages, Avignon)
Jean Dhombres (mathématiques, EHESS, Paris)
Eric Picholle (physicien, CNRS, Nice)
Pascal J. Thomas (mathématicien, Un. Toulouse)
Sciences de l’éducation et didactique :
Estelle Blanquet (didactique des sciences, IUFM de Nice)
Professionnels de la science-fiction :
Jean-Claude Dunyach (écrivain, ingénieur)
Claude Ecken (écrivain)

Compte rendu :
Voilà quatre ans déjà que l'Institut Robert Hooke de Culture Scientifique de l'Université de Nice-Sophia-Antipolis, organise dans le village de Peyresq, cet étonnant vaisseau de pierre qui tutoie les étoiles, les Journées Interdisciplinaires “Sciences & Fictions” (Workshop), en partenariat avec l'ABSL Nicolas-Claude Fabri de Peiresc “Peyresq Foyer d'Humanisme” et l'association Physique à Nice. Une fois encore, doctorants, chercheurs confirmés, universitaires de toutes les disciplines, mais aussi auteurs, éditeurs, traducteurs, membres divers de la communauté francophone de science-fiction, on constitué un équipage bien décidé à explorer méthodiquement les rivages des idées, qui s'étendent au conflluent de la science et de la fiction.
Du 13 au 16 mai 2010, les participants des quatrièmes journées se sont rassemblés autour de “Hard Science-Fiction & Imaginaire scientifique”. C'est donc moins sur un concept novateur (Subjectivités Collectives, en 2009) ou sur un auteur majeur (Robert A. Heinlein, 2007 ; Rudyard Kipling, 2008), que se sont focalisées les sessions de cette année, que sur un large corpus de textes, interrogeant les rapports de la science et de la fiction. Lorsqu'elle est écrite par des scientifiques, lorsqu'elle prend pour horizon la plausibilité technique, et se donne pour guide le respect de la méthode scientifique, la science-fiction peut être un outil épistémologique. Elle contribue, peut-être, à l'histoire des sciences, tout en demeurant littérature. Et qu'en est-il de la place des sciences humaines dans son processus narratif ? C'est cette “hard science fiction”, étroitement liée à l'imaginaire scientifique, qui fait l'objet de tous les débats.

Voici un résumé, chronologique et thématique, des quatrièmes journées interdisciplinaires S&F; le lecteur n'y retrouvera qu'une infime partie des sujets abordés et des conclusions évoquées, mais qu'il sache que l'édition intégrale des Actes de 2010 est, d'ores et déjà, annoncée au Somnium, pour fin 2011.
Eric Picholle, organisateur, ouvre la journée du jeudi 13 mai 2010, en présentant le village : Peyresq est un lieu de vie, de travail et de découvertes, qui favorise l'échange des idées, dans un environnement naturel exceptionnel. Après un premier tour de table qui permet à chacun de se présenter, il propose une conférence introductive, intitulée “la science-fiction a-t-elle un coeur dur ?”. Il commence par aborder la science, ses méthodes et ses productions, en insistant sur les exigences de la recherche scientifique, très largement fondée sur l'interaction et la communicabilité des théories et des idées entre les chercheurs : “un savoir qui n'est pas communicable est un savoir qui ne sert à rien”, affirme-t-il. Il aborde ensuite la question des critères des sciences « dures », telles que la physique et les mathématiques : leur qualificatif peut tenir aux faits sur lesquels elles s'appuient ou au formalisme strict dont elles se parent. Mais, quoi qu'il en soit, elles usent de la fiction, au sens large, qui est un outil essentiel pour les scientifiques, car elle leur permet de procéder par “modèles”. Eric rappelle que tout modèle scientifique est une fiction, parce qu'il a “vocation à donner une version simplifiée du monde” qui est distincte de la réalité, inexhaustible. L'imagination et la fiction font donc partie intégrante du travail du scientifique. Que serait, dès lors, une science-fiction "dure" ? Selon Robert A. Heinlein, le fondement rationnel de la science-fiction tient en “une spéculation réaliste sur des événements futurs possibles solidement basée sur une compréhension profonde de la nature et de la signification de la méthode scientifique” (citation de "Grandeur et Misères de la Science-Fiction", qui date de 1957, et a été publié dans les Actes de premières journées S&F de Peyresq, éd. du Somnium, 2008).


À la suite de cette présentation, Claude Ecken, auteur, ouvre la première session thématique, intitulée “Hard-SF, aux marges de la spéculation ou de la vulgarisation ?”, en lisant un extrait de Collapsium de Will McCarthy, roman de hard SF, sorti en France, en 2007, puis un extrait de la nouvelle “Les virus ne parlent pas”, extraite du recueil La loi du Talion, de Gérard Klein. Le modérateur, à l'appui de ces deux exemples, montre d'abord que la vulgarisation n'est pas spécifique à la hard SF, puisqu'il y a aussi d'excellents vulgarisateurs parmi les auteurs non-scientifiques. La dimension spéculative, quant à elle, parce qu'elle ne s'adresse pas à un public spécifique, n'est pas l'apanage de la hard SF. Toutefois, l'association des deux, vulgarisation et spéculation, dans le même récit, parfois dans le même passage est très fréquente dans la hard SF. L'exemple en est le récit fascinant, par Stephen Baxter, d'une guerre entre civilisations de matière et civilisations d'anti-matière, au cœur même de la singularité primordiale, lors du tout premier millionième de seconde après le Big Bang. La trilogie martienne de Kim Stanley Robinson est, aussi, une preuve de l'aptitude des auteurs de hard SF à associer la vulgarisation et la spéculation, ici, l'histoire de la colonisation, puis de la terraformation de Mars : l'auteur s'appuie sur des connaissances scientifiques qui servent de socle à une spéculation d'ampleur remarquable sur l'avenir de l'humanité. Bernard Convert rappelle que les longues séquences de développement scientifique (“infodumps”) ne sont pas toujours nécessaires, comme le prouve le texte, classique, de Hal Clement, Mission of Gravity (1954), traduit en France, sous le titre Question de Poids. Il s'agit d'un roman sur les effets d'une très forte gravitation, qui est de l'excellente hard SF, exempte de ces longs passages didactiques et rébarbatifs. A l'initiative de Roger Bozzetto, le débat se porte sur l'œuvre de Jules Verne, moins spéculative que didactique, fondée sur la description de nouveaux objets techniques, tels que les lampes de Ruhmkorff dans Voyage au Centre de la Terre (1864). Comme il le disait lui-même, à propos de Herbert G. Wells, “je me sers de la science, il l'invente”. Le débat se déploie ensuite sur la prédominance, dans les récits de science-fiction en général, des technosciences, qui feront l'objet d'une session ultérieure.

Le lendemain, vendredi 14 mai 2010, après une mini-synthèse orale des débats de la première journée par Ugo Bellagamba, rappelant notamment la date d'apparition du terme “hard science-fiction”, forgé par Schuyler Miller en 1957, deux sessions s'ouvrent, l'une portant sur les racines historiques du lien étroit entre les sciences et la science-fiction, intitulée “Science, songes et littérature, de la Renaissance aux Lumières“, l'autre consacrée à l'étude des mécanismes narratifs permettant d'intégrer la science aux récits de hard SF et leur évolution, intitulée “Construction et décon-struction de la science en littérature”.

Jean Dhombres, modérateur de la première session, rappelle que le mot “science” n'apparaît qu'en 1643 et que le premier cours de mathématiques ne date que de 1644. Le XVIIème siècle est celui, dit-il, d'une nouvelle “écriture” de la science, de l'invention d'un nouveau vocabulaire, spécifique à la science, en particulier aux mathématiques. Ainsi, le mot “imaginaire” est inventé par René Descartes qui dans un Discours de la méthode pour bien conduire sa raison, et chercher la vérité dans les sciences (1637), l'oppose à “réel”. Cette “création” personnelle de Descartes fait écho aux nouveaux procédés de "mise en scène" qui caractérisent le Théâtre Baroque : jouer, c'est représenter quelque chose qui n'existe pas comme s'il s'agissait d'une réalité. Citant les Discorsi de Galilée sur les sciences nouvelles, mécanique, mathématiques et la résistance des matériaux, Jean Dhombres montre que Galilée y met en scène quatre personnes discutant de science: l'auteur lui-même, Simplicio (qui représente Galilée lorsqu'il professait de façon dogmatique, la physique aristotélicienne), Sagredo et Salviati. Galilée, en fait, y introduit le “point de vue subjectif” : à propos de la chute des corps, Sagredo utilise une figure, un dessin, qui est une représentation nécessairement entachée d'imaginaire (“une idée qui me vient juste à l'esprit pour éclairer le propos...”, dit-il). Le lien s'impose avec L'autre Monde ou les Etats et Empire de la Lune (1657) de Cyrano de Bergerac, qui, lui, tourne en dérision le vieux langage scientifique aristotélicien qui rend “comique” le moment, pourtant scientifique, où le narrateur se voit “choir les pieds en haut sans avoir culbuté en aucune façon”, lorsqu'il approche de la Lune. Le modérateur évoque, enfin, l'œuvre de Johannes Kepler, le Mysterium cosmographicum (1596) et le Somnium (1634), comme exemples intéressants des liens étroits existant entre fiction et méthode scientifique. Dans le débat qui s'ensuit, Pascal J. Thomas rappelle que le XVIIème siècle est aussi celui où les penseurs commencent à penser le futur comme un objet profane. Jean-Claude Dunyach ajoute au débat la notion d'individu, comme critère du basculement. Il rappelle que depuis les premiers âges de l'humanité, le temps et le nombre de personnes qui peuvent se consacrer (ou être consacré) à l'explication du fonctionnement du monde n'a cessé de croître, jusqu'à ce que l'individu émerge, capable de se doter de son système d'explication du monde. Ce qui ouvre la voie aussi à la recherche scientifique au sens plein du terme. Eric Picholle revient sur la querelle copernicienne à l'occasion de laquelle nombre de savants emploient des stratégies narratives, voire éditoriales, pour convaincre de la validité de leur paradigme : Kepler y réussit bien mieux avec le Somnium qu'avec le Mystérium, car sa démonstration n'y est pas hermétique, mais s'appuie sur un voyage imaginaire. Son narrateur quitte la Terre et peut la voir comme “un autre astre”, ce qui permet à Kepler de raconter au lecteur “son” cosmos, et fait du Somnium le tout premier texte de science-fiction.

La deuxième session, modérée par Irène Langlet, s'appuie sur Machines à écrire, littérature et technologies du XIXème au XXIème siècles (2010), un essai récent d'Isabelle Krzywkowski, qui interroge le passage de la “représentation” de la machine à la réflexion postmoderne sur la construction et la déconstruction des machines dans l'art, en particulier dans l'écriture. Pour la modératrice, il n'y a pas de “différence langagière” entre la construction d'une démonstration scientifique vraie et celle d'une démonstration scientifique fausse. Concrètement, entre une fiction uchronique et un essai historique, il n'existe pas de véritables “marqueurs de fictionnalité”. Le langage serait, dès lors, purement technologique, permettant indifféremment de narrer l'inexistant ou d'expliquer l'existant. Irène Langlet présente alors une typologie (sous forme de tableau) de la construction de la science dans la fiction, utilisant, comme discriminant, la place du “segment didactique” dans les récits de SF. Se trouve-t-il au début du récit (Jules Verne), ou est-il dissimulé sous le récit, et vient après la présentation d'anomalies d'abord inexpliquées (Greg Egan, Pierre Bordage), voire à la toute fin du récit ? Et du côté des déconstructions du modèle scientifique, les auteurs semblent user des “péripéties” et des dialogues comme éléments de rupture. Irène, précise-t-elle, se positionne exclusivement du point de vue du langage qui valorise ou dévalorise les paradigmes interrogés. À ce niveau, l'œuvre fictionnelle de Philip K. Dick, structurée autour de “péripéties déconstructives” serait un bon exemple, comme le suggère Daniel Tron. Cette réflexion narratologique rejaillit sur la définition même de la hard SF. Le débat entre participants s'ouvre sur une intervention de Simon Bréan évoquant la “solaristique”, cette science imaginaire inventée par Stanislaw Lem dans Solaris (1961) comme un double exemple de construction (une ode à la science) et de déconstruction (puisque la solaristique échoue dans son projet d'explication). Bernard Convert confronte la déconstruction en narratologie au déconstructivisme en sociologie, et évoque un courant particulier de la science-fiction qui met en scène des récits qui ont lieu dans un monde obéissant à une conception scientifique dépassée, condamnée par la science actuelle. Il prend l'exemple de “Sail on, sail on !” (1952) de Philip José Farmer, ou de “La Tour de Babylone” (2006) dans le recueil éponyme de Ted Chiang.

L'après-midi est consacrée à deux autres sessions thématiques, la première modérée par Jean-Jacques Régnier, “Images et mots de la science dans la science-fiction” et la seconde, modérée par Jean-Claude Dunyach, portant sur “les deux infinis, hard SF vs. Space-opera”. Jean-Jacques Régnier invite d'abord le groupe à examiner deux modalités d'utilisation des images et des mots de la science, dans la science-fiction : au cœur de l'intrigue, comme dans le cycle des aventures de “M. Tompkins” (1941) de George Gamow, ou, tout autour de l'intrigue, comme dans Les crocs et les griffes (1975) de Michael Coney. Dans la seconde session, Jean-Claude Dunyach commence par définir les termes mis en opposition dans le titre de la session, en rappelant la définition de la hard SF par Gary Westfhal dans Cosmic Engineers : a Study of Hard Science Fiction (1998), ainsi que le caractère péjoratif (initial) du “space-opera” des années “pulps”, qui visait les récits à rebondissements multiples sans vraisemblance scientifique. Mais, le modérateur interroge aussi l'essor, très actuel, du “New Space-opera” (ou N.S.O.), qui manifeste depuis une dizaine d'années, de nouvelles ambitions scientifiques, qui le rapprochent considérablement de la hard SF. Toutefois, la différence entre les deux demeure : la seconde reste procédurale, démonstrative, quand le premier est, par essence, “cartographique” et “épique”. Les deux ne se rejoignent que sur l'effet qu'ils créent avec des moyens et des objets différents, à savoir l'univers lui-même ou les lois qui le régissent : l'émerveillement.

La fin de l'après-midi est réservée à un évenement de grande importance pour les Journées Interdisciplinaires S&F de Peyresq, puisque Marie-Luce Rauzy, responsable de la coordination éditoriale du site internet des revues électroniques de l'université de Nice-Sophia-Antipolis (i.e. “REVEL”) vient présenter la mise en ligne des Actes de premières Journées Interdisciplinaires “S&F” de Peyresq, consacrées à “Robert A. Heinlein et la pédagogie du réel” (2007) et à “Rudyard Kipling et l'enchantement de la technique” (2008).
NB : http://revel.unice.fr/symposia/scetfictions/

Le lendemain, le samedi 15 mai 2010, en vertu de ce qui est, désormais, une tradition des journées interdisciplinaires S&F de Peyresq, seule la matinée est consacrée à des sessions thématiques. Une première session, modérée par Bernard Convert, s'interroge sur la représentation des sciences sociales dans la science-fiction : posant la question, “vers des sciences sociales dures ?”, Bernard Convert retrace l'introduction graduelle des sciences sociales dans la SF, d'abord à l'époque d'Astounding Science-fiction, la revue américaine dirigée par John W. Campbell, puis, dans les années soixante et soixante-dix, quand la SF se fait la chambre d'écho des mouvements sociaux et idéologiques.

Toutefois, comme le montre le débat qui s'ensuit, même lorsqu'elle se prétend “dure”, la science-fiction met en scène bien plus les “résultats” que les méthodes des sciences sociales elles-mêmes. Ces dernières bénéficient, certes, d'une expérimentation fictionnelle en “vraie grandeur”, comme c'est le cas de dans le Cycle de Fondation d'Isaac Asimov, avec la psychohistoire, mais sont toujours abordées sous l'angle de leurs effets.

Une seconde session est modérée par Estelle Blanquet et se concentre sur une problématique centrale et récurrente dans les journées interdisciplinaires de Peyresq : “comment créer un désir de science chez les jeunes ?”. En examinant les marqueur d'évolution, ou de déclin, de la culture scientifique chez les jeunes et la place que celle-ci tient dans leurs projets de vie et professionnel (sans préjudice d'un ensemble d'autres considérations, liées à l'âge, au sexe, aux moyens financiers), la modératrice propose un débat sur les différents types de pédagogie, du tableau blanc à la démarche d'investigation. La science-fiction, à ses yeux, est un excellent moyen de permettre à l'élève-lecteur de passer d'une conception fausse imposée à une conception juste et directement éprouvée, un moyen de “vider une case pour la remplir autrement”, que justifie largement l'histoire racontée. La SF permet dès lors de soutenir, sinon susciter, un désir de science. Dans l'enseignement, la démarche d'investigation provoque, souvent, un changement de conception durable, parce qu'il est le résultat d'une expérience.

L'après-midi est une “pause” proposée à tous les participants, un espace de liberté destiné à favoriser les échanges interpersonnels, les activités choisies, telles que la lecture, la randonnée. Mais il est aussi, l'occasion de prolonger les débats de la matinée. Estelle, qui enseigne à l'I.U.F.M Stephen Liégeard, offre un atelier sur la “démarche d'investigation” qui réunit un grand nombre de personnes, et inaugure, également, un partenariat fructueux entre l'I.U.F.M et les Journées interdisciplinaires Sciences & Fictions, d'autant qu'Estelle Blanquet intègrera le comité d'organisation à partir de la prochaine édition, en 2011.

Au matin du dernier jour, le dimanche 16 mai 2010, Pascal J. Thomas présente et modère une session consacrée à la “Technoscience-fiction”, dans laquelle il interroge le statut du scientifique par rapport au politique, à la fois dans le récit de hard SF et dans la réalité. Question particulièrement dense et complexe, qui l'amène à évoquer, notamment, la participation active d'écrivains de science-fiction américains au programme de défense stratégique, surnommé “Star Wars”, souhaité par le président Ronald Reagan dans les années 80 et qui aurait poussé l'U.R.S.S dans une course aux armements qu'elle ne pouvait pas soutenir. Eric Picholle ferme le bal qu'il avait ouvert, avec une dernière session qui se penche sur les “Fictions quantiques”, en montrant que la hard SF a su, quoique tardivement, embrasser la plus “grande aventure intellectuelle et scientifique du XXème siècle”, initiée par Planck, relayée par Einstein et Niels Bohr, et à laquelle a aussi contribué le physicien français Louis De Broglie.
Pour une synthèse détaillée des Quatrièmes Journées Interdisciplinaires Sciences & Fictions de Peyresq, et l'ensemble des articles complétant les débats, il conviendra de consulter Hard Science & Imaginaire Scientifique. Actes des Journées Interdisciplinaires de Peyresq, 13 – 16 mai 2010, éditions du Somnium, à paraître (mai 2011).
Pour tout renseignement sur les prochaines journées ”Sciences & Fictions” 2011, contacter Eric Picholle : eric.picholle@unice.fr

Ugo Bellagamba



Maria Borrély : Une institutrice, engagée, résistante, romancière – 1890-1963

Organisateur :

Olivier Joseph

Coordinateur :

Jean Dhombres

Dates :

8 au 9 juin 2010


Compte rendu :
Les 8 et 9 juin 2010, Peyresq a accueilli un colloque singulier et chaleureux autour d’une femme dont l’essentiel de la vie s’est déroulé dans les Alpes de Haute-Provence, alors les Basses-Alpes : Maria Borrély.
Sous la houlette de Jean Dhombres (CNRS / EHESS) et de Paulette Borrély, sa belle-fille, une petite équipe s’est formée durant l’année 2009-2010 pour conduire un travail de recherche et de réflexion autour de la vie et de l’œuvre de cette romancière bas-alpine, amie de Giono et appréciée de Gide, auteur de quatre romans publiés de son vivant et d’une importante œuvre inédite.
Avec le soutien du Conseil Général des Alpes de Haute-Provence, du CNRS, du Musée Gassendi et de la Médiathèque de Digne, ainsi que de la Médiathèque Départementale, nous avons pu mener à bien ce colloque et une exposition, premières pierres d’un travail qui appelle une suite…
Romans, essais, articles : l’œuvre imprimée de Maria Borrély est diverse et, fort heureusement, rééditée de jolie manière depuis quelques années. Nous connaissions aussi les faits principaux de sa vie : née à Marseille et élevée par une tante à Aix-en-Provence, élève à l’École Normale d’Institutrices de Digne, institutrice dans la Haute Ubaye, puis à Seyne et enfin à Puimoisson, syndicaliste et militante communiste, résistante…
Mais il nous fallait aller plus loin pour mieux saisir sa vie et son œuvre. Durant l’hiver 2009-2010, des recherches aux Archives Départementales ont permis de mettre à jour une masse conséquente de documents importants, inconnus pour certains, bientôt répartis entre les intervenants au colloque pour enrichir la réflexion de chacun.

Les 8 et 9 juin, à Peyresq, une trentaine d’auditeurs ont suivi les conférences et les discussions qui ont culminé avec deux temps forts :
les souvenirs de Maria Borrély lus par Paulette Borrély ;
• la lecture en plein air de Sous le vent par le comédien Alain Bauguil, directeur de la compagnie Le Fenouillet.

Ainsi guidés par ces deux approches sensibles de la personne de Maria Borrély chacun a pu mieux saisir la densité de ses multiples engagements qui tissent l’étoffe d’une vie exemplaire. Les communications ont poursuivi ce travail de découverte :
• Nicole Dhombres, historienne : L'engagement politique de Maria Borrély : de l’Idéal au Rêve, les années 1907-1933.
• Jacques Mény, président des Amis de Jean Giono : Jean Giono, Maria et Ernest Borrély.
• Danièle Henky, maître de conférences, Université de strasbourg : Maria Borrély : l’écriture de la passion et la passion de l’écriture. (Mme Henky, qui travaille depuis longtemps sur l’écriture de Maria Borrély, était absente au colloque, mais elle avait transmis le texte de sa communication).
• Isabelle Bonnet : Les images du vent dans Sous le vent.
• Jean-Claude Castex : Les écoles normales et les écoles des Borrély racontées en images.
• Jean Dhombres, Centre Koyré, EHESS/CNRS : La leçon de choses comme leçon de savoir scientifique et comme leçon d’écriture.
• Olivier Joseph, historien : Maria et Ernest Borrély journalistes : leurs articles dans Le Travailleur des Alpes et Le Petit Provençal, journaux régionaux de la SFIO.
• Olivier Joseph, historien : À propos du roman de Maria Borrély Les Reculas : la littérature de montagne est-elle une leçon de choses ?
• Christine Breton, conservateur du patrimoine : Que cherche Maria Borrély dans la gnose ? Des fondations de récits politiques ?

À l’issue de cette année de travail et de ces deux jours de rencontres et de confrontation de nos points de vue, un constat s’impose : si nous avons progressé dans notre connaissance de la vie et de l’œuvre de Maria Borrély, il nous reste encore beaucoup à comprendre. Engagement politique, Résistance, travail de l’écriture, etc. Tout indique qu’un second colloque est nécessaire…
Olivier Joseph
Alain Bauguil s'apprête à lire le roman "Sous le vent" de Maria Borrély


Dixièmes Rencontres à Peyresq de la Société d’études Benjamin Fondane

Organisation : Société d'études Benjamin Fondane
Coordinateur : Monique Jutrin
Dates : 16 au 24 août 2010
Internet : www.fondane.org
Participants : Dominique Guedj (F), Alice Gonzi (I), Willy Estersohn (B), Eric de Lussy (F), Monique Jutrin (IL), Till Kuhnle (D), Hélène Lenz (F), Emmanuel Keuleers (B), Evelyne Namenwirth (B), Speranta Milancovici (Ro), Anne Mounic (F), Guy Braun (F), Carmen Oszi (IL), Margaret et Serge Teboul (F), Maria Villela (F), Lucy et Isi Zultak (F).
Compte rendu : Les années de guerre

Cette année la Société Benjamin Fondane a fêté ses dix ans de rencontres à Peyresq. Soulignons l’importance de ces discussions où nous ne cessons d’approfondir l’oeuvre de ce poète et philosophe dont l’impact est toujours d’actualité.
En 2010 nous avons centré nos interventions sur les années 40-44 afin de faire une mise au point sur l’activité philosophique et poétique de cette époque. Les domaines abordés furent divers : depuis les réflexions sur la pensée hindoue jusqu’au dernier texte publié : Le Lundi existentiel et le Dimanche de l’Histoire. Il s’agissait de montrer l’originalité de la pensée existentielle de Fondane face à l’existentialisme de Sartre et de Camus. Une journée fut également consacrée aux textes de jeunesse en langue roumaine. Suite à l’acquisistion par la Bibliothèque Doucet d’une collection de manuscrits inédits, un nouveau champ de recherche s’est ouvert. D’autre part, la traduction des textes roumains se poursuit.
Des liens se sont créés avec la Société Claude Vigée, grâce à la présence d'Anne Mounic. A son retour, Anne Mounic nous envoya un long poème dédié à Fondane, où Peyresq est évoqué : La caresse du gouffre.

En voici quelques vers :

Là-haut, loin des impositions de l’univers,
nous avons séjourné quelque temps hors du temps,
en suspens sur l’instant,
une nacelle de lumière

Les actes seront publiés dans les Cahiers Benjamin Fondane No 14.

Programme de Peyresq 2010
Première session :
Monique Jutrin :
Dominique Guedj :
Till Kuhnle :
Alice Gonzi :
Margaret Teboul :
Maria Villela :
Eric de Lussy :
Philosophie
Introduction. Etat des lieux des écrits philosophiques de Fondane durant la guerre
Benjamin Fondane et la pensée hindoue
Fondane, Kierkegaard, Kafka et le Sérieux de l’Histoire
L’absurde chez Fondane, Camus et Kafka
B. Fondane et W. Benjamin
Le dialogue Fondane-Maritain
Dossier de presse du Lundi existentiel
Deuxième session :
Anne Mounic :
Margaret Teboul :
Fondane devant à l'Histoire
B. Fondane, poète et penseur, voix singulière et autres voix
Fondane face à la Grande Guerre
Troisième session :
Monique Jutrin :
Evelyne Namenwirth :
Poésie
Au temps du poème
Des portes et des passages
Quatrième session :
Carmen Oszi :
Hélène Lenz :
Speranta Milancovici :
Aspects de l’œuvre roumaine
Présentation des manuscrits de la Bibliothèque Doucet
La poétique de Fondane avant 1923
Une interview de 1930
Cinquième session :
Till Kuhnle :
Le cinéma
Le cinéma est devenu un monstre : la parole met fin à l’art
Projection de Rapt