CONFERENCES "GRAND PUBLIC" |
Conférenciers : |
Jean-Claude Castex et Nicole Dhombres |
Lieu : |
Villars-Colmars, salle polyvalente |
Date : |
4 août 2010 |
Conférencier : |
Jean-Baptiste Pisano, enseignant l'histoire de l'art à l'université de Nice |
Lieu : |
Annot, Campus Européen Platon |
Date : |
12 août 2010 |
Compte rendu : Cézanne de la nature à l’art et de l’art de la nature Si la première grande exposition que lui consacre son marchand Ambroise Vollard (1), le révélant en 1895 à ses contemporains, est parisienne, Cézanne, à l’instar d’un Gauguin ou d’un Van Gogh n’aura de cesse de se retirer vers une périphérie qui puisse le placer en des lieux porteurs de significations et d’émotions où le sujet d’étude devient, par la grâce de son génie, le motif de son tableau. |
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Le lieu clos de la demeure familiale lui avait donné la possibilité de maîtriser une nouvelle technique, en vue d’une peinture apaisée. Par la suite, afin de renouveler son regard sur le paysage provençal, il passe à l’étendue ouverte, maritime de l’Estaque, jusqu’à l’étape ultime de la Sainte-Victoire. La citation célèbre de Braque selon laquelle “Il ne faut pas imiter ce qu’on veut créer. Ecrire n’est pas décrire, peindre n’est pas dépeindre.”, marque en quelque sorte la reconnaissance des plus grands. Reconnaissance longue à venir. Qui sera d’abord le fait de jeunes peintres comme Emile Bernard ou Maurice Denis (6) qui peint en 1900 L’Hommage à Cézanne (7), lesquels virent en lui un maître autant qu’un précurseur. La Provence offre matière à Paul Cézanne de tendre vers la “vérité en peinture” (8). Elle est, comme champ d’expérience du peintre, le lieu où la représentation des hommes aussi bien que celle de la nature, lui permet d’exprimer les tensions entre véracité directe et conscience sensorielle. Des hommes et des lieux. Les Baigneurs et la Sainte Victoire, ces deux icônes, deux références qui s’identifient à l’homme et à son œuvre, sans pour autant la résumer… Au Jas de Bouffan où son inspiration a le caractère du familier autant que du familial, à l’Estaque où se métamorphose son regard sur le paysage, face au mirage et à la balise de la Sainte-Victoire, où l’attire la confrontation avec la distance de la montagne. Toujours il s’essaie à représenter “métaphoriquement sa vision” (9). Une vision ou un système à la source du fauvisme, du cubisme (10), de l’abstraction… en un mot de la modernité. Jean-Baptiste Pisano |
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Portrait d’Ambroise Vollard
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1 La première rencontre du peintre et de son marchand n’aura lieu qu’un an plus tard, au printemps 1896 où Vollard se rend à Aix. Jusque là il n’avait eu affaire qu’au fils de Cézanne. Cf. Portrait d’Ambroise Vollard, 1899, Huile sur toile, 100x81, Paris, Musée du Petit-Palais. 2 Dont il fait la connaissance à l’Académie Suisse en 1861 ou 1862. Néanmoins la suggestion de peindre à l’extérieur pourrait ne pas être antérieure à 1865, année à partir de laquelle ils établissent des contacts réguliers. 3 P. Cros, La Provence des peintres, Citadelles et Mazenod, 2008. 4 Un point de vue stimulant sur le rapport entre nature et peinture dans, Michel Pouille, La nature en peinture, Cézanne et l’art moderne, un point de vue topologique, Chambéry, 1998. 5 Lionello Venturi, pense que le peintre a volontairement laissé inachevé ce tableau. Madame Cézanne dans la serre, (dans le jardin d’hiver) vers 1890, Huile sur toile, 92x73 cm Collection Stephen Clark, Metropolitan Museum of Art, New York. “C'est à ce prix seulement que Cézanne a pu réaliser un effet de grâce et d'élégance et se laisser gagner par la beauté extérieure sans rien perdre de sa force”, dans Lionello Venturi, Cézanne sa vie, ses œuvres, op. cit. (cat.), 1969. 6 Maurice Denis est d’ailleurs l’un des derniers à avoir rencontré Cézanne lors d’un voyage en Provence avec Kerr-Xavier Roussel à la fin du mois de janvier 1906. 7 Maurice Denis, Hommage à Cézanne, 1900, Huile sur toile, 180x240, Musée d'Orsay, Paris, don d’André Gide. 8 Lettre à Bernard du 23 octobre 1905. La correspondance avec Emile Bernard a fait l’objet de nombreuses publications, en particulier dans, Emile Bernard, Souvenir sur Paul Cézanne et lettres, Paris, 1925. 9 Richard Shiff, “Cézanne’s physicality : he politics of touch” dans The langage of Art History, édition Salim Kemall et Ivan Gaskell, Cambridge, 1991. 10 Cette influence fait l’objet de l’exposition, Cézanne, Aufbruch in die Moderne, Catalogue d’exposition, Folkwang Museum, Essen, 2005. |
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Madame Cézanne dans la serre
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Conférencier : |
Ugo Bellagamba, enseignant la littérature à l'université de Nice |
Lieu : |
Thorame-Basse, salle polyvalente |
Date : |
19 août 2010 |
Compte rendu :
Le merveilleux qui naît de la science se développe au XVIIème siècle, lorsque se multiplient les nouvelles techniques appliquées à la guerre et à l'économie marchande : la balistique, les mathématiques, la géographie. C'est aussi l'époque des premières utopies scientifiques, où la science vient fonder la cité idéale : c'est le cas de la Nouvelle Atlantide (1627) de Francis Bacon, ou du Palais d'Uranie de l'astronome Tycho Brahé, bâti sur une île-laboratoire. Au XVIIIème siècle, la science semble devenir la clef des futurs radieux, même si ceux-ci s'inscrivent encore assez largement sous l'angle de la satire du présent, comme dans l'An 2440, rêve s'il en fut jamais (1771) de Louis-Sébastien Mercier. Mais, c'est surtout au XIXème siècle que s'épanouit le merveilleux scientifique, en France et en Angleterre surtout. En France, les frères Goncourt, visionnaires, sont les premiers à identifier le potentiel novateur du “roman scientifique” dès 1856 : “Quelque chose que la critique n'a pas vu, les signes de la littérature du XXème siècle. Le miraculeux scientifique, la fable par A plus B (...) la base du roman déplacée et transportée du coeur à la tête et de la passion à l'idée : du drame à la solution” (1). Il faut évoquer Jules Verne, avant tout. Il s'emploie à mettre en scène les nouveautés de la science, alors que l'esprit public n'y est pas accoutumé, et il en fait la source d'un émerveillement d'un nouveau type, rationnel, lumineux, positif. Jules Verne sépare le merveilleux du mystérieux. La vapeur et l'électricité, forces motrices de son époque, sont magnifiées dans des rêves extraordinaires qui ne sacrifient pas à la vraisemblance scientifique. À la suite de Jules Verne, nombreux seront les auteurs français, ou francophones, à tenter d'intégrer de la science merveilleuse dans le roman. On peut citer Camille Flammarion et ses Récits de l'Infini (1872), Didier de Chousy avec Ignis (1883), Villiers-de-l'Isle-Adam et son Eve future (1886), Albert Robida pour l'Horloge des Siècles (1901), Alfred Jarry, qui avait sous-titré Le surmâle (1901) “roman néoscientifique”, Jean de La Hire et La roue fulgurante (1907), sans oublier le Le Prisonnier de la planète Mars (1908) de Gustave Lerouge, qui croit que la téléphatie est une science. Il y a surtout J. H. Rosny Aîné. Son “merveilleux scientifique” se situe à l'opposé de celui de Jules Verne : alors que le Nantais demeure fermement ancré dans le présent, le Bruxellois investit les territoires du temps et se mêle de spéculation préhistorique, ou donne corps à des futurs hypothétiques, avec Les Xipéhuz (1887), La Guerre du Feu (1911), La Mort de la Terre (1910), et, le plus tardif mais très connu, Les navigateurs de l'Infini (1925). Le “merveilleux-scientifique” est tardivement défini par le français Maurice Renard dans un article de 1909 : “admettre comme certitudes des hypothèses scientifiques (...) prêter certaines propriétés d'une [notion] à l'autre (...) appliquer des méthodes d'exploration scientifique à des objets, des êtres ou de phénomènes crées dans l'inconnu par des moyens rationnels d'analogie et de calcul, avec des présomptions logiques”. Des textes tels que le Docteur Lerne, sous-dieu (1908), Le voyage immobile (1909), ou Le Péril bleu (1912), montrent que Renard ne s'est pas contenté d'être le théoricien du merveilleux scientifique. En Angleterre, le courant de merveilleux scientifique est principalement incarné par les nombreux romans, nouvelles, et essais, d'Herbert George Wells qui, dès sa nouvelle The Chronic Argonauts, publiée en 1888 dans le journal de son université, qualifie son propre travail de “scientific romance”, qu'incarnent des oeuvres aussi inoubliables que La machine à explorer le temps (1895), L'île du Docteur Moreau (1896), L'homme invisible (1897), La guerre des mondes (1898). Toutefois, Jules Verrne se désolidarise de Wells, en s'écriant “je me sers de la science, il l'invente” (2). D'autres auteurs, toutefois, contribuent à développer le merveilleux scientifique anglais. Sir Arthur Conan Doyle, père du célébrissime détective Sherlock Holmes, s'inspire des thèmes de Rosny Aîné tout en les réinterprétant, sous un angle plus spéculatif, dans The Poison Belt (1913), et narre les Aventures du professeur Challenger. Edwin Abbott, dans Flatland (1884), met en scène des carrés et des cercles dans un univers bidimensionnel, intrigués par la troisième dimension, dans une allégorie christique et platonicienne. Robert Louis Stevenson, dans son inquiétant Docteur Jekyll et Mister Hyde (1886) interroge la chimie, la biologie et la psychologie pêle-mêle. Un autre auteur anglais, immense par le talent, mais rarement convoqué en matière de merveilleux scientifique, doit être cité : Rudyard Kipling. Exact contemporain de Herbert George Wells (1866-1946), il est aussi différent du père de la cavorite, qui emmène Les premiers hommes dans la Lune (1901), que Verne peut l'être de Rosny. Moins passionné par les mondes imaginaires, peu enclin à explorer des futurs hypothétique, il s'intéresse avant tout à l'objet technique et à sa nature profonde, à la relation que l'homme, l'ingénieur, voire l'humanité peut avoir avec lui. Et il invente, littéralement, une forme bien spécifique de merveilleux scientifique à l'anglaise : l'enchantement de l'objet technique. Enfin, on pourrait évoquer ici, en guise de transition, l'œuvre marginale de Howard Philip Lovecraft (1890-1937), cet auteur “américain” de Nouvelle-Angleterre, dont les récits se fondent essentiellement sur une appréhension scientifique de l'immensité de l'Univers. Il invente en quelque sorte “l'horreur cosmologique”, négatif du merveilleux technique de Kipling, faisant appel, non à l'enchantement, mais à la peur, telle que la pratiquait aussi Edgar Allan Poe (1809-1849), père véritable d'un genre qui dépassera le merveilleux scientifique et qui trouvera aux Etats-Unis d'Amérique son creuset idéal : la science-fiction. Le merveilleux scientifique américain, qui dominera le XXème siècle, naît d'abord sous la forme d'une revue de vulgarisation scientifique, intitulée Modern Electrics, dirigée par Hugo Gernsback (1884-1967), un émigré luxembourgeois. Celui-ci va avoir l'intuition que les merveilles de la science peuvent donner lieu à des récits épiques glorifiant les avancées technologiques du nouveau siècle tout en extrapolant les futurs qu'elles promettent. Pour diffuser ces “scientifictions”, Gernsback fonde une revue, un fanzine, qui leur sera entièrement dédié : Amazing Stories, dont le premier numéro paraît en avril 1926. L'ère des “pulps” de science-fiction vient de commencer ! Ces revues bon marché, imprimées sur de papier de mauvaise qualité, de la “pulpe” de bois, qui jaunit et s'altère vite, sont affublées de couvertures criardes, voire racoleuses (fusées étincelantes, rayons lasers, planètes en collision, robots agressifs, extraterrestres bulboïdes, et moultes héroïnes à demi-dénudées). Les récits mettant en scène des vaisseaux traversant toute la galaxie en un souffle, disputant des mondes à des empires maléfiques à grands coups de lasers, grâce à des héros invincibles accompagnés de robots de métal infrangible, vont s'y multiplier, au mépris de toute crédibilité scientifique. Beaucoup d'épopée et peu de science, au vrai. Il n'en reste que les mots, subvertis, et les images, gauchies par l'imagination débridée des auteurs. Au début des années quarante, toutefois, John W. Campbell, fonde la revue Astounding, avec la conviction que la science-fiction est capable de mieux utiliser la science, de prendre la méthode scientifique à bras-le-corps. Il découvre Robert A. Heinlein, ancien élève de l'Académie navale d'Annapolis, qui est convaincu que la science-fiction peut, grâce à l'évasion rationnelle qu'elle propose, diffuser la culture scientifique dans la jeunesse américaine et la préparer à prendre en main son futur. Heinlein livre, avec l'aide de son ami éditeur, une magistrale Histoire du Futur, qui chemine entre réalisme et utopie et fait office de propédeutique de l'âge de l'espace. Puis, l'auteur se lance dans une série de “juvenile”, romans pour la jeunesse dont tous les titres jouent la carte d'une merveilleux scientifique ambitieux, à l'opposé de celui de la première génération des “pulps”. Ainsi, pour n'en citer qu'un, Citoyen de la Galaxie (1957), qui se révèle être un hommage au Kim de Rudyard Kipling, et qui retrace l'épopée d'un jeune garçon un peu naïf, mais doté d'un solide sens pratique et d'un esprit méthodique et curieux, à travers la Galaxie, jusqu'à devenir la clef de l'avenir de plusieurs civilisations. Littéralement, Heinlein se lance dans la pédagogie du réel et, au final, réduit le merveilleux à la capacité extraordinaire de l'homme correctement éduqué, à triompher de toute forme d'adversité ou de toute difficulté technique. Faire des jeunes américains des citoyens de la galaxie, tel était son but et il y réussit largement : nombreux sont les scientifiques de la NASA, qui confessent que leur vocation professionnelle est née de leurs lectures de science-fiction. Ugo Bellagamba |
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Conférenciers: |
Isabelle Bonnet et Olivier Joseph |
Lieu : |
Colmars-les-Alpes, salle polyvalente |
Date : |
22 août 2010 |
Conférencier : | Jean Dhombres, Directeur d'études à l'EHESS |
Lieu : | St-André-les-Alpes, salle polyvalente |
Date : | 27 août 2010 |