- Chap. II -
Techniques de rénovation des
châtaigneraies
« Il n'y a pas de réponse unique
mais des cas très différents
selon les lieux et les situations de
chacun.
Un seul ingrédient est nécessaire
dans tous les cas : la durée ».
Votre châtaigneraie. Parc National des
Cévennes
-
- La première partie de l'étude consistait en une
tentative de définition de l'action prioritaire de
développement territorial, la rénovation et la
valorisation de la châtaigneraie du massif d'Annot dans le
cadre de la Charte forestière. Nous nous sommes ainsi
attachés à essayer de comprendre quels
étaient ses enjeux et comment elle était mise en
place. Dans cette seconde partie, nous allons nous interroger sur
les possibilités techniques de la mise en uvre
effective de l'action de rénovation.
- Afin de répondre aux questions des propriétaires
et de fournir un appui technique aux différents organismes,
le Pays Verdon, Vaïre, Var, commanditaire de l'étude,
a demandé de rédiger un livret technique
détaillé (il correspond à ce chapitre et le
suivant et sera diffusé tel quel aux
propriétaires).
- Dans ce but, un travail exploratoire a été
mené sur les méthodes de rénovation
expérimentées dans d'autres départements.
Pour dresser un état des lieux des techniques de
rénovation de châtaigneraies, nous avons ainsi
cherché à identifier des projets ou des structures
en lien avec la rénovation. L'objectif était de
rencontrer des personnes aux profils différents. Les
personnes ciblées ont été des agriculteurs et
des transformateurs (7 propriétaires, 2 SARL), des
techniciens et ingénieurs (Parc des Cévennes et des
Monts d'Ardèche, Sime, CRPF des Maures, Chambre
d'Agriculture de l'Ardèche), des coopératives (dans
les Maures et en Ardèche), des associations (Isola,
Cogolin, Ardèche), des représentants (syndicat des
producteurs de l'Ardèche), des élus (Maire de Privas
de Vallongue), etc
- La méthodologie choisie a été celle de
l'entretien individuelle et l'observation directe sur le terrain.
Ces entretiens, menés entre mai et juillet 2004, ont permis
de repérer des expériences significatives de
rénovation qui se sont révélées
apporter des éléments de compréhension pour
le cas de la châtaigneraie d'Annot.
- Ici, il ne s'agit pas de présenter toutes les
expériences. En fait, nous proposons un catalogue
descriptif des maladies, des techniques de rénovation
courantes, des possibilités d'entretenir les parcelles et
de récolter des châtaignes, illustré par les
apports extérieurs.
- Le guide pratique « La châtaigneraie
fruitière au sud est du massif central » a
été une source d'information précieuse.
-
- Photo 3. en haut à
gauche : M. Hugon «Maire de Saint Privas de
Vallongue»,M. Menu «Parc National des
Cévennes», Lozère
- (CF- 2004)
-
-
- Photo 4. en haut à
droite : M. Domergue «Chambre d'agriculture de
l'Ardèche», verger expérimental
Ardèche (CF- 2004)
-
-
- Photo 5. au milieu à
droite : M. Sabatier «agriculteur»,
Ardèche (CF- 2004)
-
-
- Photo 6. en bas à droite
: M. Jartoux «agriculteur», Massif des
Maures (CF- 2004)
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- 1. Les
maladies
-
- Elément capital, les maladies ravagent les
châtaigneraies. Savoir les identifier puis les traiter
devient donc incontournable.
- La maladie de l'encre sévit dès le début
du XX° siècle et l'endothia attaque à partir de
1956. Si ces maladies sont les plus préoccupantes
actuellement sur le massif d'Annot, une nouvelle affection
anéantit les vergers en Italie et suscite une vaste
campagne de prévention, le cynips du
châtaignier.
-
- 1.1 Le chancre de l'écorce (Endothia Parasitica ou
Cryphonectria Parasitica)
-
Photo 7. Chancre de l'écorce virulent,
Ardèche (CF- 2004)
- Description
- Le chancre de l'écorce est un champignon parasite de la
partie aérienne de l'arbre. Provenant d'Amérique du
Nord(11), la maladie a été
décelée en France à partir du milieu des
années 1950. Le champignon n'attaque le châtaignier
qu'à l'occasion de blessures d'origine humaine, animale ou
climatique et se propage naturellement par transport de
mycélium et de spores par le vent, les insectes, les
animaux et les outils. Le développement de la maladie se
manifeste par l'apparition de plaques brunes orangées et de
fissures sur l'écorce. Son extension provoque le
dessèchement de l'écorce qui se soulève en
lames. La sève de l'arbre est ralentie, puis
bloquée, ce qui entraîne un étranglement et la
mortalité des branches situées au-dessus du point
contaminé. Dans un premier cas, l'arbre s'affaiblit mais il
continue à produire des branches saines. Dans un
deuxième cas, tout le système aérien
dépérit mais des rejets apparaissent au pied de
l'arbre.
-
-
Photo 8. Traitement chancre, Gard (CF-
2004)
- Traitement, prévention
- Hormis l'élagage et le curetage, le seul moyen de lutte
utilisé aujourd'hui est un traitement de lutte biologique
de souches dites « hypovirulentes » mis au point dans
les années 1970 par deux chercheurs de l'INRA de Clermont
Ferrand, Jean Grente et Suzanne Sauret (Bourgeois, 1992). On parle
de souches «hypovirulentes» (12) car
ces dernières sont très peu agressives. Elles
permettent, par fusion, d'atténuer la virulence de la
souche qui attaque l'arbre. A l'aide d'un emporte-pièce, on
creuse des trous de 3 à 4 mm espacés de 1 à
1,5 cm à l'intersection entre la partie saine et la partie
malade dans lesquels on introduit le produit. Le traitement n'est
réalisable que si le champignon n'est pas trop
développé et n'encercle pas la branche. Il
s'applique au printemps.
- Pour de jeunes arbres à l'écorce encore lisse,
il est possible de cureter le chancre à l'aide d'un couteau
en effectuant un mouvement circulaire allant de l'extérieur
vers l'intérieur du chancre. Après cet acte, il faut
badigeonner la plaie à l'aide d'un produit fongique
(13) et désinfecter son couteau. Cette
précaution - appliquer un badigeon et désinfecter
les outils - s'applique aussi lors de l'élagage d'une
branche malade.
- Des gestes peuvent permettre d'appréhender la maladie
:
- éviter les blessures sur l'arbre et le cas
échéant, appliquer un badigeon,
- éviter le feu sous les branches qui provoque de
micro fissures invisibles à l'il,
- désinfecter les outils de taille entre chaque
taille à l'aide d'eau de javel,
- brûler les branches atteintes par le
chancre.
- Il faut savoir que tout ce qui participe à la vigueur
de l'arbre est le premier moyen de défense contre les
maladies, d'où l'intérêt d'entretenir sa
châtaigneraie.
1.2 La maladie de l'encre (Phytophtora cinamoni ou
cambivora)
-
Photo 9. Châtaignier mort de l'encre,
Alpes Maritime (CF- 2004)
- Description
- Champignon parasite, la maladie de l'encre asphyxie les
racines et se propage de façon souterraine. L'arbre ne
s'alimente plus ce qui provoque son dessèchement. Le
champignon peut rester dans le sol 20 à 30 ans.
- Même si la maladie se caractérise par une
exsudation noirâtre autour des racines - ce qui lui a valu
son nom -, l'écoulement est très rarement visible.
Diagnostic difficile, les premiers symptômes qui permettent
de la reconnaître est l'apparition de feuilles plus petites
qui jaunissent très vite (juillet). L'arbre se
dégarnit. Les propriétaires parlent d'«arbres
qui flambent». Elle foudroie un châtaignier en 2 ou 3
ans. Favorisée par un sol humide, la maladie touche en
général plusieurs arbres - «langue» de
châtaigniers atteints par l'encre- dans le sens de la
pente.
- De nombreux chercheurs se sont penchés sur la question
mais il n'existe pas de traitement ni d'ailleurs de méthode
d'analyse sûre.
-
- Que faire si l'encre est diagnostiquée ?
- Comme la maladie est présente dans le sol, les
solutions sont maigres. Cependant, tout ce qui peut favoriser la
vigueur de l'arbre est envisageable. Il est alors possible de
procéder à un élagage sévère
(14) qui permettra de
rééquilibrer le système aérien et le
système racinaire de l'arbre. Cette solution est
provisoire.
- L'autre solution, choisie par les propriétaires de la
châtaigneraie d'Isola dans les Alpes Maritimes est de
planter des variétés hybrides résistantes
à la maladie. Des premières recherches avaient
été menées à partir d'hybrides de
différentes espèces au début du XX°
siècle (Camus, 1929 : 176-179), sans véritable
succès. Les techniques se sont améliorées et
des hybrides de Castanea sativa et Castanea
millissima résistants à la maladie sont
plantés aujourd'hui. Même si ces plants ne sont pas
entièrement fiables, c'est un progrès majeur.
-
- 1.3 Le cynips du châtaignier (Drycosmus
kuriphilis Yasumatsu)
-
Photo 9. Cynips du châtaignier, Cuneo
(CTIFL- 2003)
- Description
- Pas encore arrivé en France, une vaste campagne de
sensibilisation est actuellement menée contre cette
nouvelle maladie du châtaignier, le cynips. Petit
hyménoptère de la famille des cynipidés qui
provoque des galles, il vient de ravager des parcelles en Italie
(région de Cuneo). Originaire de Chine, il a
été découvert au Japon vers 1940 après
de gros ravages puis en 1974 aux Etats-Unis. Son parcours
ressemble à celui du chancre de l'écorce. Il
n'existe pas de traitement à l'heure actuelle. Les
symptômes ressemblent à ceux de la galle du
chêne, c'est-à-dire que les bourgeons se mettent
à gonfler au lieu de donner naissance à une
pousse.
- Message d'alerte
- Attention : il est fortement déconseillé
d'importer des plants, des greffons, ou tout autre
élément touchant au châtaignier en provenance
de l'Italie !
-
- 1.4 Bilan des maladies sur le massif d'Annot
- Malgré des descriptions très claires des
maladies, la confrontation sur le terrain reste compliquée.
Le « savoir-dire » ne livre pas le « savoir-faire
» qui s'acquiert « sur le tas » et dans le temps.
Les choses n'apparaissent pas directement à l'esprit, il
faut les rendre intelligibles ; d'où le besoin
d'intervenants extérieurs comme Béatrice Ladrange
qui donnent des clefs de compréhension. Spécialiste
de la châtaigneraie fruitière du Sime (15),
elle travaille sur cette question depuis 20 ans. Sa
présence a permis d'attester que la châtaigneraie du
massif d'Annot est atteinte par le chancre de l'écorce
contrairement a ce qu'avait suggéré l'étude
du CRPF diagnostiquant une majorité d'encre. Le
degré de développement du chancre de l'écorce
est très hétérogène : des zones sont
très attaquées, d'autres très peu.
Globalement la châtaigneraie d'altitude n'est pas
atteinte.
- Maladie curable, les travaux de rénovation devraient
ainsi permettre de venir à bout de ce fléau.
- De plus, on observe sur le massif d'Annot comme en France, une
tendance à la cicatrisation spontanée des chancres
actifs ; phénomène qui apparaît encourageant.
En Ardèche, en Lozère, dans le Gard, le taux de
chancres, non traités, cicatrisés ou cicatriciels
est supérieur ou égal à 40%.
- Précaution de transport
- Attention : le bois de châtaignier d'une région
reconnue contaminée par le chancre ne peut circuler en
dehors du département que si le bois est
écorcé selon l'Annexe IV partie A chapitre II 1 de
l'Arrêté du 22 Novembre 2002 relatif aux exigences
sanitaires des végétaux, produits
végétaux (DRAF/SRFB). En effet,
l'écorçage des bois évite tout risque de
dissémination du champignon.
- Désormais aguerris aux dangers et aux traitements des
maladies, passons à comment procéder à un
travail de rénovation des châtaigneraies. Quelles
solutions existent ?
2. Les méthodes de
rénovation de la châtaigneraie
Avant d'engager une procédure de rénovation, il
est nécessaire d'établir un diagnostic. Diverses
possibilités de rénovation sont envisageables :
élagage sévère, rénovation par
greffage ou la plantation. En fonction de l'état des
vergers, d'autres choix pourront aussi être pris.
- Dans tous les cas, l'implication des propriétaires est
indispensable.
2.1 Le diagnostic
identifier son cas
- Etape essentielle, toute l'entreprise ultérieure en
dépend ; le diagnostic permet d'émettre
différentes hypothèses de travaux à engager
en fonction de la parcelle étudiée et du choix du
propriétaire. Il est établi soit par le
propriétaire, soit par un technicien. Afin d'aider le
propriétaire dans sa démarche, le Parc des
Cévennes a édité un cahier pratique «
Votre châtaigneraie » (1995) qui, en fonction de
l'état des parcelles, identifie différentes
solutions.
- Un deuxième point important est l'accessibilité
des terrains et le pourcentage de pente. De mauvaises conditions
alourdissent la charge de travail déjà
conséquente dans un processus de rénovation.
-
- Description de l'action
- Toutes les parcelles sont étudiées
individuellement. La première étape est de les
comparer aux types de « vergers témoins »
retenus, par exemple, par l'étude du CRPF (16)
(2001) : verger entretenu, verger abandonné, verger
dégradé. A ceux là, s'ajoutent les parcelles
en taillis de châtaignier (sol propre, tiges
rapprochées nombreuses).
- Sur le verger, il va falloir faire le tour de chaque arbre
afin de déterminer son état et tous les travaux
à effectuer possibles : coupe des rejets aux pieds,
possibilité de faire un élagage
sévère, reconnaître si l'arbre est
greffé, taille douce, etc
- Selon l'état des parcelles que le propriétaire
souhaite traiter, plusieurs objectifs sont envisageables :
entretenir le sol, produire des fruits, nourrir des animaux,
créer une forêt
mais tous les objectifs ne
peuvent s'appliquer à toutes les parcelles. Si le verger
évolue vers le taillis, il est peut-être inutile de
vouloir produire du fruit. Inversement, il serait dommage de faire
du bois sur un verger entretenu.
-
- Rôle et implication nécessaire des
propriétaires
- Le projet du propriétaire est déterminant. Le
propriétaire doit soigneusement « cibler » ses
objectifs et ne pas surestimer ses forces ou ses
compétences : il est plus facile de maîtriser une
petite parcelle que de traiter plusieurs hectares. Souvent, les
castanéiculteurs qui entreprennent des travaux
décident de le faire progressivement : ils coupent la
charge en deux en rénovant une parcelle de 1 ha sur deux
ans (0,5 ha la première année et la deuxième
année, par exemple). Tout dépend de la
disponibilité et des efforts prêts à y
être consacrés.
- Enfin, mieux vaut ne rien entreprendre, si l'on veut avoir
vite fait et ne pas s'engager : « une action
châtaigneraie doit obligatoirement être poursuivie
plusieurs années pour porter ses fruits »
(Cévennes, 1995 :9).
-
- Sur le massif d'Annot
- Pour évaluer au mieux l'état des parcelles, les
ASL ont décidé de faire réaliser des
études de diagnostic aux agents spécialisés
de l'ONF ou du CRPF/Coopérative Provence forêt. Les
propriétaires cibleront ensuite leur choix, en fonction des
propositions offertes par les techniciens et de leurs
ambitions.
- Un proverbe des Cévennes dit « le
châtaignier aime le fer ». Taille douce ou taille de
rénovation, le châtaignier demande un entretien
constant. Regardons les différentes formes de
rénovation possibles.
2.2 L'élagage doux
- Description
- Technique de remise en valeur courante du verger traditionnel,
ce n'est pas une technique de rénovation. Etant
donné que les propriétaires peuvent choisir cette
option, elle est présentée ici.
- L'élagage doux consiste à émonder un
arbre, en choisissant avec soin les branches mortes, malades ou
inutiles. C'est une coupe d'entretien qui ne redonne pas de
vigueur à l'arbre et qui n'a pas d'effet direct sur le
système racinaire. Moins traumatisante pour les arbres,
elle permet de garder une production.
- En outre, le CEEP préconise ce système de
restauration progressif de la châtaigneraie afin de ne pas
perturber l'écosystème.
- Avis de castanéiculteurs
- Deux des agriculteurs rencontrés dans les
Cévennes ont choisi cette solution par
nécessité financière : ils avaient besoin de
l'apport financier de la vente des châtaignes. D'autre part,
ils avouent leur réticence face à l'autre solution
« radicale » de l'élagage sévère
qui « ruine » le paysage et dont ils ne sont pas
sûrs du résultat. L'un des deux regrette ce geste
car, malgré le plaisir visuel, il se rend compte qu'il est
obligé de remonter chaque année dans son arbre
tailler les branches atteintes par le chancre de l'écorce.
Le verger n'est pas complètement remis en état.
L'autre agriculteur, ancien agent de l'ONF, rappelle que « la
taille, c'est technique : tout le monde n'a pas la connaissance ni
la forme physique pour le faire!»
- Avantages
|
- Inconvénients
|
- Pas traumatisant pour les arbres.
- Permet de garder une production.
|
- Les arbres ne doivent pas être trop
malades.
- Coût du travail spécialisé
important.
- Plaisir visuel, mais pas de rénovation
durable.
- Travail de débitage au sol et de
dégagement des bois.
- Engagement personnel long.
|
Tableau 5. L'élagage
doux
-
- 2.3 L'élagage sévère
- Image 1. Etapes de
l'élagage sévère
- (source : Guide
Pratique « la châtaigneraie
fruitière au sud est du massif central
»)
|
- Description
- Commencée dans les années 1986-1987,
c'est une technique de remise en valeur durable d'une
châtaigneraie traditionnelle. Elle consiste
à rabattre très sévèrement
la charpente au dessus du point de greffe tout en
laissant sur 15-20 cm le démarrage de branches
jeunes, d'où l'arbre se reformera.
Précisons que toutes les branches sont
enlevées, même les parties vertes. Un
nouveau système racinaire se développe
et l'arbre gagne en vigueur. La production
réapparaît dès la troisième
année et à partir de la cinquième
année, la production est plus importante avec
des fruits de calibre plus gros (20 à 25 %). On
parle de remise en valeur durable car elle donne une
nouvelle jeunesse au châtaignier.
- Pour une châtaigneraie en mauvais
état et si les châtaignes correspondent
aux qualités gustatives et agronomiques
attendues, cette solution est la plus
envisageable.
-
- Entretien et rôle du
propriétaire
- La rénovation demande de nombreux efforts :
gérer tout le bois au sol, contrôler le
développement rapide de la
végétation ou encore retourner dans
l'arbre au bout de 3 ans afin de sélectionner
les rejets qui repartent des branches
élaguées.
- Les échecs viennent le plus souvent d'un
manque de suivi. Les propriétaires absents de
leurs parcelles ne coupent pas les rejets aux pieds,
n'offrent pas de soins lors de l'apparition de
chancres ou encore n'assurent pas la taille des rejets
du houppier trois ans après l'élagage
sévère.
-
-
Photo 10. Elagage sévère, Gard (CF-
2004)
Avis de castanéiculteurs
- La plupart des personnes rencontrées,
malgré une forte appréhension au
départ, se disent très satisfaites de
cette méthode. Dès le début, ils
avaient conscience du travail qu'ils entreprenaient et
ils ont choisi de le faire progressivement.
D'après eux, «le jeu en vaut la
chandelle» : les arbres assurent désormais
une production généreuse. L'avantage est
aussi de redonner une forme fruitière à
l'arbre.
|
Avantages
|
Inconvénients / limites
|
- Remise en valeur durable.
- Production plus importante et augmentation du
calibre des fruits.
- Facilite l'intervention dans les arbres puisque le
palier de formation est plus bas.
- Coût du travail spécialisé
moins élevé que pour un élagage
plus léger.
|
- Absence de production pendant quelques
années.
- Travail important de débitage du bois au
sol.
- Provoque une éclaircie : besoin de
contrôler le développement excessif de la
végétation au sol.
- Sélectionner les rejets autour des branches
élaguées au bout de la 3ème
année et parfois la 7ème
année.
- Engagement personnel long.
- Nécessite le diagnostic d'un technicien sur
l'état initial et la variété des
arbres, pour vérifier l'intérêt
économique de l'opération.
|
Tableau 6. Elagage
sévère
-
2.4 La rénovation par greffage
-
I
- Image 2. Etapes de la
rénovation par greffage (source : Guide de la
châtaigneraie fruitière au sud est du
massif central)
-
- Description
- La rénovation par greffage permet de
constituer un nouveau verger à partir d'une
ancienne châtaigneraie (arbres
dégradés ou taillis). Les arbres anciens
sont abattus. Environ deux ans plus tard, quatre
à six rejets de souche sont
sélectionnés et greffés. Cette
technique permet d'introduire les
variétés de son choix et de
réaliser des vergers homogènes.
- Les arbres commencent à produire 5 à
6 ans après le greffage.
|
- Photo 11. Greffe en couronne,
Gard
- (CF- 2004)
-
-
- Les types de greffes
- Il existe différents types de greffes mais
les trois plus courantes sont en flûte, en
couronne ou en manchon. « La meilleure technique,
c'est celle que le propriétaire maîtrise
».
- Plusieurs rejets sont greffés (environ six)
pour assurer un maximum de succès puisque
certaines greffes ne prennent pas ou sont
détruites par les oiseaux, les animaux ou le
vent. Au final, il ne devra prester qu'un rejet de
souche greffé.
-
- Pourquoi choisir cette technique ?
- C'est une méthode de plus en plus
conseillée. Quand propose t-on cette technique
?
- Lorsque l'arbre est en trop mauvais
état pour être élagué
- Lorsque la variété des
châtaignes ne convient pas ou quand l'arbre
n'est pas greffé
- La rénovation par greffage s'adresse
à des parcelles avec des souches vigoureuses.
Elle permet de profiter de l'enracinement existant
(moins besoin d'irriguer). En revanche, elle demande
une forte implication du propriétaire qui devra
passer très régulièrement sur la
parcelle au moins une fois par mois, d'avril à
octobre, pendant 4 ans :
- 1ère annéé :
sélection des rejets au pied, 2ème
année : greffage, 3ème année et
4ème année sélection des greffes
qui ont pris.
- Un passage mensuel devra être
effectué afin de surveiller l'arrivée de
maladies et le développement des greffes).
|
- Avis de castanéiculteurs
- Un castanéiculteur du Gard a choisi de transformer sa
forêt, composée de différentes essences dont
une majorité de châtaigniers, en verger. Ses arbres
ont aujourd'hui une dizaine d'année. Ils repartent bien et
ce, malgré le manque de possibilité d'irriguer sa
parcelle. Il a choisi des variétés « marrons
» et commence à avoir une production satisfaisante
avec une bonne qualité des fruits. Il souligne le peu de
perte car en profitant de l'enracinement des arbres, les rejets
sont beaucoup plus vigoureux.
- La rénovation par greffage est une technique de plus en
plus utilisée en Ardèche. Maître dans l'art de
greffer et voyant certains arbres de son verger se
dégrader, Michel Grange (Ardèche) a
décidé de procéder à une
rénovation par greffage. Il a abattu les arbres pour
repartir sur les rejets des châtaigniers. Il est très
satisfait : ses greffes ont pris et il espère entrer en
production dès l'année prochaine.
Avantages
|
Inconvénients/ Limites
|
- Verger homogène de variétés
choisies.
- Profiter de l'enracinement existant (souches
adaptées aux conditions pédoclimatiques
locales, moins d'irrigation).
|
- Bien choisir la parcelle.
- Maîtriser les techniques de greffage.
- Suivi régulier pendant 4 ans (1 passage par
mois d'avril à octobre) pour surveiller les
maladies et assurer l'entretien du sol.
|
Tableau 7. Rénovation par
greffages
-
- 2.5 La plantation
-
Photo 12. Plantation, Le Fugeret (CF-
2004)
- Description
- Une autre possibilité est de repartir à
zéro et de faire une plantation. La plantation permet de
faire pousser des variétés hybrides
résistantes aux maladies, telle que l'encre. Elle donne
l'avantage de choisir des variétés reconnues pour
leurs qualités agronomiques et gustatives.
- L'opération est délicate et nécessite des
conditions particulières :
- Le choix de la parcelles &endash; potentiel du sol,
disponibilité en eau, accidents thermiques.
- Le choix du matériel végétal -
porte-greffes, variétés, distance de plantation,
pollinisation, qualité des plants.
- La réalisation de la plantation
&endash;préparation sol, fertilisation, premiers soins des
arbres.
- L'entretien du jeune verger &endash; fertilisation,
désherbage, taille.
-
- Avis de castanéiculteurs
- L'association d'Isola, pour la rénovation de sa
châtaigneraie anéantie par l'encre, a pris la
décision de planter des variétés
résistantes à la maladie. Elle a créée
sa propre pépinière qui accueille des plants
hybrides, greffés avec des greffons de la région par
le pépiniériste de Corrèze Courlier. Il est
intéressant de rencontrer cette association car sa
châtaigneraie pousse à la même altitude que
celle du canton d'Annot ; elle peut donc aider dans la
détermination des plants à adopter sur le
massif.
-
- La plantation pour assurer la
régénération de la
châtaigneraie
- Alors qu'ici la plantation apparaît comme une technique
de rénovation, la régénération du
verger doit se faire constamment. Au XIX° siècle, sur
les baux de châtaigneraies était inscrit l'obligation
de planter chaque année un certain nombre d'arbres
proportionnellement à la surface de la parcelle.
Après avoir profité des plantations d'hier, il est
urgent de penser à planter des arbres qui nourriront les
générations de demain.
Avantages
|
Inconvénients/ Limites
|
- Planter des variétés
résistantes aux maladies.
- Planter des variétés reconnues pour
leurs qualités agronomiques et gustatives.
- Faire un verger homogène.
|
- Avoir des parcelles irriguées.
- Trouver des variétés qui s'adaptent
aux conditions pédoclimatiques de la
région.
- Attendre 10 ans avant d'avoir une bonne
production
- Protéger contre les animaux (sanglier,
chevreuils
).
|
Tableau 8.
Plantation
-
- 2.6 Les autres choix de rénovation
- Selon l'état des parcelles, les propriétaires
pourront choisir de ne pas retourner à un verger de
châtaignier. Il est envisageable de se convertir vers de la
châtaigneraie à bois ou vers un mélange de
variétés. Toutefois, une châtaigneraie
dégradée ne pourra être dans tous les cas
transformée en châtaigneraie à bois. En
poussant le propos à l'extrême, Bernard Cabannes,
ingénieur du CRPF, dit « c'est comme s'il existait
deux espèces : le châtaignier à bois et le
châtaignier à fruits ». Une châtaigneraie
à bois répond à des conditions
pédoclimatiques très particulières.
- Ce dossier s'inscrivant dans la production fruitière,
le sujet n'amenait pas à se renseigner plus en avant sur la
question du bois. Forestiers, les techniciens du CRPF et de l'ONF
maîtrisent la thématique « bois »; ils
attendaient surtout des renseignements complémentaires sur
les vergers de châtaigniers.
-
- 2.7 Que faire du bois ?
- Une grande question qui revient est qu'est-ce que nous allons
faire de tout ce bois ? Il s'agit d'une difficulté
technique majeure puisque certains châtaigniers sont
très massifs (200 à 400 ans d'âge, 2 m de
diamètre) et peuvent contenir jusqu'à 10
stères de bois par arbre.
- De plus, l'objectif est de sortir le bois le plus rapidement
possible pour éviter la propagation du chancre de
l'écorce sur les châtaigniers sains.
- Coupé en hiver, le bois doit disparaître avant le
printemps. Son évacuation demande une forte mobilisation
des propriétaires.
-
- Solutions envisagées
- Il est d'abord bon de rappeler ici l'importance de
l'accessibilité des parcelles. Il est inutile
d'entreprendre un élagage sévère sur un
terrain inaccessible, le bois ne pouvant être
évacué.
- N'oublions pas non plus que le transport du bois de
châtaignier malade en dehors du département est
réglementé. Le bois doit être
écorcé.
- Le bois de châtaignier est avant tout
brûlé. Il est utilisé comme bois de chauffage.
Seulement, il porte une mauvaise réputation du fait de son
pouvoir calorifique plus faible que celui du chêne, et
surtout parce qu'il « éclate ». Malgré
tout, il reste un bois de chauffage reconnu.
- Aujourd'hui, avec le développement de la filière
bois-énergie, il est aussi envisageable de transformer le
bois de châtaignier en plaquettes pour les
chaudières. Pour cela, une entreprise doit se
déplacer avec son broyeur et il faut trouver des
destinataires.
- En revanche, toutes les branches non utilisables devront
être brûlées sur place.
Avis de castanéiculteurs
- Un propriétaire comme Laurent Sabatier en
Ardèche a eu une conduite très rigoureuse du bois
sur ses parcelles. Il a su tirer un maximum de tout le bois qu'il
a débité :
- le bois de sa partie forestière a
été destiné à la charpente de sa
maison et aux piquets de sa framboisée.
- les gros arbres de sa châtaigneraie offrant un
bois de mauvaise qualité lui a servi de bois de
chauffage.
- Tout ce qui ne pouvait pas lui être utile a
été brûlé.
- C'est un travail de longue haleine.
- Pour remédier au problème des éclats de
silice lors de l'utilisation du bois pour le chauffage,
l'association d'Isola a choisi de laisser les arbres abattus
pendant un à deux ans dehors (loin des parcelles de
châtaigniers) de manière à ce que les troncs,
lavés par les pluies, se vident de leur tanin. Les
propriétaires récupèrent le bois mais la
quantité importante de bois au sol permet d'en donner. Ceux
qui le souhaitent peuvent venir donner « un coup de main
» et repartir avec du bois. Sinon, une partie du bois est
distribué aux personnes âgées avec l'aide de
la Mairie.
- Différentes possibilités s'offrent donc aux
propriétaires.
Petits conseils pratiques pour la gestion du bois
:
- ¸ Ne pas faire le tas de
branches lorsque vous élaguer là où vous avez
décidé de brûler. Le tas deviendra vite trop
important et vous serez obligé de le défaire pour le
refaire.
- ¸ Eviter le feu trop
prêt des branches de châtaigniers. Ce dernier provoque
des micro fissures ce qui augmente le risque d'attaque du
chancre.
-
- 2.8 Spécificité du massif d'Annot
- Comme nous l'avons vu ci-dessus, des solutions diverses
peuvent être choisies par les propriétaires. Toutes
sont possibles sur le massif d'Annot, tout dépend de
l'état des parcelles et du projet du propriétaire.
Les techniciens jouent aussi un rôle
prépondérant car c'est à partir de leur
diagnostic que les propriétaires orienteront leur
décision.
- L'élagage sévère apparaît comme une
des solutions les plus envisageables, surtout si les
propriétaires veulent conserver leurs gros arbres
vieillissants. Suite à des échecs passés,
certaines personnes restent sceptiques sur les bienfaits de cette
taille. Toutefois, sur le massif d'Annot, les anciens
élagages sévères, appelés « coupe
totem » ne répondent pas aux exigences de coupe
actuelle. En effet, les arbres totems sont des arbres
amputés de la totalité de la charpente, d'où
ne repartait aucun jeune rejet de branches. Avec le temps, les
techniques se sont améliorées, et de plus en plus de
gens font confiance à cette technique de rénovation.
Elle est très fortement recommandée.
- A première vue, la rénovation par greffage
semble peu connue sur le massif d'Annot. Des campagnes
d'informations doivent être lancées.
- En ce qui concerne la plantation, plusieurs
propriétaires ont entamé la procédure. C'est
notamment avec eux qu'il sera possible de s'entretenir afin de
connaître les variétés les plus
adaptées à la région.
- Sinon, à propos du bois au sol, nous ne pouvons
qu'inviter les propriétaires à se chauffer au bois
et brûler toutes les branches restantes. Il est fortement
recommandé de faire disparaître le bois de la
parcelle le plus rapidement possible, c'est-à-dire avant le
printemps.
- La possibilité de faire venir un broyeur est
actuellement étudiée par l'animateur de la charte
forestière qui s'informe auprès des entreprises
spécialisées.
- Les solutions devront être étudiées au cas
par cas.
3. Possibilités pour
favoriser l'entretien des parcelles
« La châtaigneraie est un espace productif dont
l'autonomie trouve ses limites dès que l'homme ne
réitère pas de façon régulière
ses interventions » (Dupré, 2002 : 169 ). L'entretien
du verger comporte un élagage des arbres tous les 6 ans
ainsi qu'un nettoyage courant du sol. Des essais ont
été conduits afin de diminuer la charge et le
coût du travail pour les producteurs. L'entretien peut
être mécanisé ou effectué par les dents
de l'animal.
- Si l'entretien est important d'un point de vue agronomique, il
participe aussi à la prévention des feux et
forêts et l'ouverture des paysages.
-
- 3.1 L'entretien mécanisé
- Photo
13. Girobroyeur, Le Fugeret (CF- 2004)
-
- Sur des parcelles accessibles, il est possible d'utiliser un
girobroyeur attelé à un tracteur (80 cv environ).
L'investissement pour un broyeur de 2 mètres est d'environ
3 500 euros. Le temps de travail pour 1 hectare est estimé
à 1h30 - 2h00. Le sol est fauché au minimum à
partir de la mi-juillet.
Avantages
|
Inconvénients/ Limites
|
- Travail moins long : temps de travail à
l'hectare : 1h30 à 2h00.
- N'abîme pas les jeunes plantations.
- Maintien un sol propre.
|
- Les parcelles doivent être accessibles (ne
peut pas s'utiliser sur les terrasses).
- Retour sur investissement sur plusieurs
années (au moins 5 ans).
|
Tableau 9. L'entretien
mécanisé
-
- 3.2 Le sylvopastoralisme
- Photo 14. Transhumance, Alpes
de Haute Provence (CF- 2004)
|
- Le pastoralisme est un mode de gestion
traditionnel des vergers de châtaigniers.
- D'un côté, la châtaigneraie
contribue fortement à l'alimentation des
troupeaux ovins, bovins et caprins par les feuilles,
l'herbe et les broussailles mais aussi par les
châtaignes qui constituent un bon
concentré énergétique. De
l'autre, les troupeaux nettoient, piétinent et
fertilisent régulièrement le sol. Ils
passent régulièrement au printemps,
avant et après la récolte des
châtaignes. Une association s'est formée
entre châtaigneraies et troupeaux.
- Pour bien utiliser ce type de parcours, la mise en
place de clôtures est indispensable. Une
conduite en parc raisonnée permet de tenir les
broussailles et de favoriser l'herbe. Les animaux
peuvent pâturer plus longtemps. De plus, les
clôtures permettent de protéger les
jeunes plantations.
- Les propriétaires peuvent introduire des
troupeaux sur leurs terrains. La location se fait sous
forme de fermage ou par le biais d'une convention
pluriannuelle de pâturage.
|
Avantages
|
Inconvénients/ Limites
|
- Entretien et enrichissement du sol.
- Moins de travail pour le propriétaire.
- Complémentarité des espaces.
- Pas de coût financier (voire un gain).
- Ecologique.
|
- Déconseillé prêt des jeunes
plantations et des greffes.
- Attention au surpâturage.
- Les vaches font tomber les terrasses.
- Entretien mécanique pour retirer les
plantes non mangées par les troupeaux
(fougères).
|
Tableau 9. Le
pastoralisme
-
- 3.3 L'entretien : avis de castanéiculteurs et le cas
du massif d'Annot
- Dans les Alpes de Haute Provence, la Corse, les
Cévennes, ou les Maures, le pastoralisme est un mode
d'exploitation agricole courant de longue date mais suite aux
bouleversements du fonctionnement économique et de
l'agriculture, le nombre de troupeaux diminue. Les ressources
naturelles sont sous-utilisées (Pernet-Lenclud, 1977 :
19).
- Des propriétaires, souvent des agriculteurs
possédant leur propre matériel, choisissent de
mécaniser l'entretien de leurs parcelles. Question
pratique, certains évoquent l'absence de troupeaux, le
problème des bouses de vaches qui ne permettent plus de
pique-niquer, la présence de plantations ou de greffes, ou
encore le côté « propre » du girobroyeur.
Dans chacune des ASL de Braux, Le Fugeret et Méailles, on
compte au minimum un propriétaire possédant un
broyeur.
- Toutefois, cette solution n'est pas envisageable sur toutes
les parcelles et la majorité des castanéiculteurs
rencontrés optent pour le passage d'un troupeau de moutons.
Ce choix paraît idéal sur le massif d'Annot d'autant
plus que la région accueille de nombreuses transhumances
qui permettraient le passage des troupeaux avant la montée
et lors du retour des alpages.
- D'une manière générale, une
démarche « active » est menée sur le
sylvopastoralisme sur le massif d'Annot puisque celle-ci fait
partie des actions inscrites dans la Charte forestière.
Divers projets sont étudiés, comme sur la
châtaigneraie du plateau du Chastel. Un diagnostic pastoral
a été mené avec le CERPAM (annexe 7).
- L'objectif général de l'entretien est de
maintenir un sous-bois propre pour faciliter la récolte des
fruits.
4. Possibilités pour
faciliter la récolte des châtaignes
Les fruits sont ramassés une fois tombés à
terre. La récolte des châtaignes se fait
traditionnellement à la main. Toutefois, l'utilisation de
filets de récoltes ou de machines peut permettre de
ramasser plus rapidement une plus grande quantité de fruits
de qualité sanitaire convenable mais aussi de diminuer le
coût de la récolte et ainsi d'accroître la
marge de revenu des producteurs. Le sol doit être entretenu
et préparé. Un mauvais entretien peut réduire
de moitié le rendement de la récolte.
- Sur les zones accessibles, il est possible d'utiliser un
matériel de récolte auto-tracté. Le choix se
porte sur la récolteuse par aspiration qui a l'avantage
d'être maniable sur différents types de terrains. Le
tuyau, porté à la main, aspire sur une longueur
moyenne de 40 mètres (20 m de tuyau aspirant de part et
d'autre du tracteur).
- Néanmoins, les contraintes rencontrées avec ce
type de machine viennent du principe même de l'aspiration
(fruits salis ou ternis, triage des cailloux
). Par ailleurs,
l'appareil nécessite un tracteur puissant. Encombrant, il
ne peut pas accéder à tous les vergers.
- Un aspirateur à châtaigne avec un système
d'éboguage coûte entre 6 800 ¤ et 10 600 ¤.
Les années de faible production, la perte de temps est
importante et le coût du ramassage mécanique
apparaît élevé.
Avantages
|
Inconvénients/ Limites
|
- Réduire les frais de main
d'uvre.
- Capacité de récolte meilleure
qu'à la main.
- Gain de temps.
- Fourchette de prix abordable pour un particulier :
6800 euros à 10 600 euros.
|
- Faible rendement de la machine : 45 kg/ h contre
20 à 25 kg / h à la main.
- Encombrant, maniabilité insuffisante sur
les terrains de pente, sols enherbés
exigé (moins de risque pour la machine).
- Aspire tout (cailloux / fruits un peu
rayés).
- Année peu productive : perte de temps,
coût ramassage mécanique
élevé.
|
Tableau 10. Aspirateur à
châtaignes
-
- L'autre technique de récolte, privilégiée
en Corse et en Ardèche, sont les filets de récolte.
Ils permettent de pallier, en le valorisant, au handicap des
pentes. Les fruits sont accumulés en bas des pentes. Cette
technique nécessite une ébogueuse, dans laquelle
sont passées les châtaignes.
- La dimension des filets s'adapte en fonction des parcelles.
D'après les essais du Sime, le temps de pose pour un
hectare est de 75 heures la première année (incluant
le découpage) et de 40 heures les années
suivantes.
- Le prix des filets varie de 0,30 à 0,53 ¤/m_.
L'ébogueuse coûte entre 4 000 et 5 300 ¤.
- Les fruits, une fois ramassés, sont alors soit
consommés en frais soit transformés.
Avantages
|
Inconvénients/ Limites
|
- Ramassage en zones de pente.
- Capacité de récolte meilleure
qu'à la main.
- Gain de temps pour la récolte.
- Fruits de qualité sanitaire
convenable.
- Prix abordables : 0,30 à 0,53 euro /
m2.
|
- Temps de pose.
- Chantier lourd en main d'uvre (minimum 2
personnes).
- Nécessite une ébogueuse (4 000
à 5 300 euros).
|
Tableau 11. Filets de récolte de
châtaignes
Historiquement, les travaux de rénovation
bénéficiant d'un soutien scientifique (Service de
protection des végétaux, INRA) et d'une assistance
technique (CTIFL, ULRAC/Sime) ont à peine une vingtaine
d'année même si le lancement des recherches sur les
maladies est un peu plus vieux. En fait, les méthodes sont
toujours au stade d'expérimentation, surtout si l'on songe
aux moyens de luttes contre l'encre.
- Aujourd'hui, la tendance semble pourtant avoir
évolué et les techniques de rénovations sont
de plus en plus éprouvées. Il est actuellement
permis de lutter efficacement contre le chancre de l'écorce
ou de rénover une ancienne châtaigneraie
dégradée par le biais de l'élagage
sévère. Donc, l'objectif de rénover la
châtaigneraie de Braux, Le Fugeret et Méailles,
présentant ces mêmes conditions, est accessible. Les
arbres étant anciens, il faudra aussi se lancer dans la
plantation ou la rénovation par greffages.
- Néanmoins, rien ne pourra être fait sans la
participation régulière des propriétaires et
l'inscription de l'action dans la durée. Pour
perpétuer le travail de rénovation, il faut
entretenir les parcelles : des démarches sont en cours afin
d'introduire des troupeaux.
- Après avoir dressé le panorama des techniques
de rénovation, nous allons maintenant poursuivre ce
catalogue par des pistes de valorisation de la
châtaigneraie.
-
(11) L'histoire du chancre reste incertaine. La
maladie aurait été importée d'Amérique
après la seconde guerre mondiale via l'achat de piquets en
châtaignier par les Italiens. A l'origine, l'endothia serait
apparu en Asie (Chine ou Japon).
- (12) L'élément responsable de
cette hypovirulence est un ARN bicaténaire (virus)
situé dans le cytoplasme des cellules fongiques.
- (13) Annexe 6 : liste de badigeons. Les
badigeons coûtent chers et certains castanéiculteurs
concoctent leur propre « potion ». Laurent Jartoux
utilise une pâte avec du cuivre. Laurent Sabatier
prépare un badigeon à partir d'une laque pour
boiserie à laquelle il ajoute un antifongique. L'un se sert
de ses connaissances des traitements sur la vigne, l'autre de son
ancien métier de peintre ; chacun joue de son savoir faire
et expérimente.
- (14) Cf les techniques de
rénovation, chap II &endash;2.
- (15) Sime, cf details Chap. I - 1.1, note
de bas de page
- (16) cf Chap.I &endash; 2.3. Cette liste de
types de verger peut varier selon les organismes.
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